Qui a Construit Rabat ? Histoire, Origines et Fondateurs de la Capitale du Maroc

Ville de Rabat

Sommaire

• Les Origines de Rabat : Un Site Stratégique dès l’Antiquité

• La Fondation de Rabat par les Almohades au XIIe Siècle

• Rabat sous les Dynasties Mérinide, Saâdienne et Alaouite : Fortifications et Renaissance Corsaire

• L’Époque Coloniale et la Modernisation par Lyautey : Rabat, Capitale Moderne

• Rabat Aujourd’hui : Héritage Architectural et Urbanistique, Patrimoine Mondial de l’UNESCO

• FAQ – Questions Fréquentes sur l’Histoire de Rabat

Située sur la côte atlantique, à l'embouchure du fleuve Bouregreg, Rabat, l'actuelle capitale du Maroc, est une ville à l'histoire riche et complexe. Son identité a été forgée au fil des siècles par diverses civilisations et dynasties. Mais qui a réellement construit Rabat ? La réponse n'est pas simple et s'étale sur des millénaires, avec des figures clés ayant laissé une empreinte indélébile.

Qui a construit Rabat : Un Site Stratégique dès l’Antiquité

Bien avant de devenir la majestueuse capitale que nous connaissons, le site de Rabat a attiré les peuples grâce à sa position géographique exceptionnelle. Dès l'Antiquité, cette zone était un carrefour commercial et stratégique.

Les premières traces de peuplement remontent aux Phéniciens, suivis par les Carthaginois. Plus tard, les Romains y établirent une cité prospère, Sala Colonia, dont les vestiges sont encore visibles aujourd'hui sur le site de Chellah. Cette nécropole romaine, édifiée sur les ruines de ces anciennes cités, témoigne de l'importance du lieu : un accès direct à l'océan Atlantique et une voie fluviale via le Bouregreg, idéales pour le commerce et les installations militaires.

La Fondation de Rabat par les Almohades au XIIe Siècle

L'histoire de Rabat en tant que véritable ville urbaine commence au XIIe siècle avec la dynastie Almohade.

C'est en 1150 que le calife almohade Abd al-Mumin (Abdelmoumen) décide d'y établir une forteresse, un "ribât". Ce ribât était destiné à servir de base pour les troupes engagées dans les campagnes militaires vers l'Andalousie. Cette première fortification donna son nom à la ville : "Ribât al-Fath" (Camp de la Victoire).

Cependant, c'est son petit-fils, le visionnaire Yacoub al-Mansour (Abou Youssef Yacoub al-Mansour), qui marqua l'âge d'or de Rabat. En 1195, il ambitionne de faire de Rabat la plus grande capitale du monde musulman, capable de rivaliser avec des métropoles comme Bagdad, Le Caire ou Cordoue. Sous son règne, d'immenses projets architecturaux furent lancés :

• L'édification des imposants remparts almohades qui enserrent encore aujourd'hui la médina et la kasbah des Oudayas.

• La construction de la Tour Hassan, un minaret colossal et inachevé, qui devait dominer une mosquée gigantesque, la plus grande de son temps.

• Le plan urbain originel de la médina, avec ses grandes artères et ses quartiers distincts.

• L'aménagement d'une ville-palais et d'un vaste complexe résidentiel et militaire.

Ces réalisations audacieuses font de Yacoub al-Mansour le véritable bâtisseur et fondateur de Rabat en tant que cité d'envergure.

Rabat sous les Dynasties Mérinide, Saâdienne et Alaouite : Fortifications et Renaissance Corsaire

Après le déclin de l'Empire Almohade, Rabat connaît une période moins faste. Toutefois, elle ne disparaît pas et est intégrée aux empires successifs :

• Les Mérinides (XIIIe-XVe siècles), bien que privilégiant Fès comme capitale, contribuent à la consolidation des fortifications de Rabat.

• Les Saâdiens (XVIe-XVIIe siècles) se concentrent davantage sur Marrakech, mais le site de Rabat maintient son rôle défensif.

• C'est sous la dynastie Alaouite, à partir du XVIIe siècle, que Rabat connaît une nouvelle dynamique, notamment sous le règne de Moulay Ismaïl. La ville, avec sa voisine Salé, devient un bastion corsaire redoutable. Ces corsaires, surnommés les "Salétins", forment la célèbre République du Bouregreg, une entité semi-indépendante qui joue un rôle majeur dans le commerce maritime et la défense côtière de la région.

L’Époque Coloniale et la Modernisation par Lyautey : Rabat, Capitale Moderne

Un tournant majeur dans l'histoire de Rabat survient en 1912 avec l'établissement du Protectorat français au Maroc. Le général Louis-Hubert Lyautey, premier Résident Général, prend une décision stratégique : faire de Rabat la nouvelle capitale administrative du Maroc, au détriment de l'historique Fès.

Lyautey, visionnaire, confie à l'urbaniste Henri Prost la mission de concevoir une ville nouvelle harmonieuse, qui coexisterait avec la médina historique sans l'altérer. Cette période voit l'émergence de :

• Le quartier administratif et diplomatique actuel, avec ses grands boulevards et ses bâtiments officiels.

• La grande avenue Mohammed V, artère principale de la ville nouvelle.

• Un plan d'urbanisme rationalisé, qui intègre les traditions marocaines aux normes européennes, créant ainsi une ville moderne unique.

Lyautey a donc profondément modernisé et restructuré Rabat, lui conférant son rôle de capitale politique et administrative qu'elle conserve encore aujourd'hui.

Rabat Aujourd’hui : Héritage Architectural et Urbanistique, Patrimoine Mondial de l’UNESCO

Aujourd'hui, Rabat est le reflet de cette histoire complexe et stratifiée. C'est une ville qui allie avec brio tradition et modernité. En 2012, son centre historique a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, reconnaissant ainsi la valeur universelle exceptionnelle de son héritage.

La ville présente une richesse architecturale unique :

• Les monuments almohades imposants comme la Tour Hassan, les portes monumentales (Bab Rouah, Bab Oudayas) et les remparts.

• Les infrastructures coloniales bien conservées (gare ferroviaire, bâtiments ministériels).

• Des équipements modernes qui témoignent de son développement continu (Théâtre Mohammed VI, le réseau de tramway, la Bibliothèque Nationale).

Rabat continue son évolution, mais l'empreinte des grands bâtisseurs qui ont marqué son histoire – des Almohades aux urbanistes du Protectorat – est toujours présente, offrant une capitale dynamique et riche en patrimoine.

FAQ – Questions Fréquentes sur l’Histoire de Rabat

Qui est le véritable fondateur de Rabat ?

Le véritable fondateur urbain de Rabat est le calife almohade Yacoub al-Mansour (fin du XIIe siècle). Bien que son grand-père Abd al-Mumin ait initié la construction d'un ribât, c'est Yacoub al-Mansour qui a lancé les vastes projets d'urbanisation, y compris les remparts, la Tour Hassan et le plan de la médina, avec l'ambition d'en faire une capitale majeure.

Quelle est la signification du nom « Rabat » ?

Le nom "Rabat" dérive de l'arabe "Ribât" (رباط), qui signifie une forteresse ou un couvent fortifié. Il désignait initialement une place forte militaire destinée à accueillir les troupes musulmanes engagées dans des campagnes (notamment en Andalousie), d'où son nom complet historique : "Ribât al-Fath" (Camp de la Victoire).

Rabat existait-elle avant les Almohades ?

Oui, le site de Rabat était habité bien avant l'arrivée des Almohades, mais sous d'autres formes. Il a accueilli des implantations phéniciennes, carthaginoises et surtout romaines (sous le nom de Sala Colonia), dont les vestiges sont visibles à Chellah. Cependant, la ville de Rabat telle que nous la connaissons aujourd'hui, avec sa structure urbaine et ses monuments emblématiques, a été fondée par les Almohades.

Qui a fait de Rabat la capitale du Maroc ?

C'est le général Louis-Hubert Lyautey, Résident Général du Protectorat français, qui a désigné Rabat comme capitale administrative du Maroc en 1912. Ce statut a ensuite été maintenu par les rois Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI après l'indépendance.

Quelle dynastie a le plus influencé l’architecture de Rabat ?

La dynastie Almohade, et plus particulièrement le règne de Yacoub al-Mansour, a eu l'influence la plus significative sur l'architecture historique de Rabat. C'est à cette période que furent érigés les monuments les plus emblématiques et structurants de la ville, tels que la Tour Hassan, les vastes remparts et les portes monumentales, qui constituent aujourd'hui une part essentielle de son patrimoine classé à l'UNESCO.